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Addendum au billet sur Raymond Gayrard : une insolite facette de poète

Pour composer le billet précédent, la lecture de la biographie de Raymond Gayrard dressée par Jules Duval à la fin des années 1850 a été très précieuse. (Duval Jules, Biographies aveyronnaises. Raymond Gayrard, graveur et statuaire, Rodez : E. Caprère éditeur, 1866, 2nd édition)

Or parmi ces pages foisonnantes, quelle fut notre surprise à découvrir que vers 60 ans, l’éminent graveur en médailles et sculpteur légitimiste « se mit à composer la plupart de ses sujets en marbre et en vers[1] » ! Mieux, il versifia sa vie[2] et c’est ce poème que nous souhaitons retranscrire ci-dessous.

En effet, rares sont déjà les artistes à avoir laissé quelques traces écrites sur leur parcours et leurs pratiques artistiques, mais plus insolite encore est cette activité du côté des médailleurs. Ainsi, il nous a semblé utile d’ajouter cet addendum pour cerner toutes les facettes de Gayrard.

 

Quelques flatteurs m’ont dit que j’animais l’argile,

Que l’acier fut toujours à mon burin docile,

Et que sous mon ciseau le marbre palpitait.

Sans croire à ces discours, mon cœur s’en délectait…

Ah ! je dois l’avouer, la louange m’enflamme,

C’est elle qui séduit, qui subjugue mon âme !

 

Pour elle, jeune encor, j’ai quitté le repos ;

Jusqu’à la paix d’Amiens, j’ai suivi nos drapeaux.

Après la guerre, aux arts j’ai demandé la gloire.

Oui, je te préférais, pacifique victoire !

Invente, m’écriais-je, invente et tu vivras ;

Et puis j’ai dit au ciel : Seigneur ! tu m’aideras.

 

Mais, hélas ! tout s’éteint, et la froide vieillesse

Vient blanchir mes cheveux et calmer mon ivresse ;

Je suis un vieux lutteur, fatigué de combats ;

Sur ce qu’il est, pour Dieu ! ne jugez pas mon bras.

À quiconque voudrait me faire cet ouvrage

Je cite mes travaux et rappelle mon âge.

 

[1]  Jules Duval, Op. cit., p. 101.

[2]  Jules Duval, Op. cit., p. 17.

Le titre de premier graveur en médailles du roi refusé à Raymond Gayrard en 1824

Pourquoi n’y a-t-il pas eu de premier graveur en médailles sous le règne de Charles X ? La question mérite d’être posée au regard de la multiplication des effigies de la famille royale sous la Restauration et de la floraison de maîtres graveurs en médailles qui ont participé à la rédaction de l’histoire métallique des règnes de Louis XVIII et de son successeur. Parmi eux, Raymond Gayrard (Rodez, 1777 – Paris, 1858) a l’audace de solliciter, en 1824, la fameuse charge, qui est occupée, sous l’Ancien Régime, par de glorieux noms et à laquelle la Révolution française met un terme.

Bruguières (sculpteur), Statue en pied de Raymond Gayrard, sans date, Rodez, musée Fenaille

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