Nous avons le plaisir d’annoncer une conférence touchant à l’histoire de l’art de la médaille dans le cadre des réunions mensuelles de cette vénérable association qu’est la Société de l’histoire de l’art français.

Intitulée Entre sculpture et médaille ; entre Paris et Rome, trajectoire transnationale de Marcelle Lancelot-Croce (1863-1946), cette conférence se tiendra samedi 22 juin 2024 à 18h, salle Vasari à l’INHA, et sera prononcée par Francesca Romana Posca, doctorante à l’Université de Bordeaux-Montaigne et Katia Schaal, docteure en histoire de l’art et A.T.E.R. à l’Université de Poitiers.

Cette conférence à deux voix se propose de revenir sur la trajectoire professionnelle de Marcelle Lancelot-Croce pour saisir à quel point la création médaillistique fut émancipatrice pour cette sculptrice, sans en faire un modèle d’artiste féministe, ce qu’elle ne revendiqua jamais. Plus intéressant est la question des réseaux parisiens, romains, voire troyens dans lesquels elle gravita pour trouver du travail, élargir le cercle de ses recommandations et forger une véritable carrière professionnelle.

Marcelle Lancelot-Croce brille en effet par sa primauté. Elle fut la première femme artiste à remporter une bourse de voyage à l’issue du Salon de 1889, la première femme à laquelle le jury de l’Exposition universelle de 1900 décerna une médaille d’or et la première sculptrice décorée de la Légion d’honneur pour ses œuvres.

Dotée d’un talent artistique précoce que son père, le lithographe Dieudonné Lancelot (1822-1894), et les amis de son père, tels qu’Hubert Ponscarme (1827-1903) et Eugène Delaplanche (1831-1891), façonnèrent ainsi que d’une double capacité à modeler en bas-relief et à tailler l’acier, elle exposa dès ses quinze ans aussi bien dans la section sculpture que dans la section gravure en médailles du Salon. Sa polyvalence ne s’arrêta pas là. Elle produisit dans tant de domaines (peinture, pastel, lithographie) que sa production mérite d’être interrogée au prisme de l’intermédialité.

La question de la transnationalité de son parcours s’impose aussi en considérant son installation à Rome à la suite de son mariage avec l’italien Odoardo Croce en 1892. Depuis son atelier de la rue Margutta, la sculptrice-médailleuse s’immergea dans la communauté cosmopolite des artistes étrangers et comprit rapidement les opportunités qui s’offraient à elle au sein d’une ville en pleine modernisation, conséquence du nouveau statut de Rome en tant que capitale depuis 1870. Autrice de portraits pour le Palazzo Madama (Sénateur Enrico Cosenz, 1908), mais surtout conceptrice de médailles pour la papauté (Léon XIII, 1900), la famille royale (Umberto Ier, 1901), les autorités italiennes (on retient notamment une série métallique célébrant l’Unité du pays) jusqu’à se compromettre dans la réalisation d’un profil métallique de Mussolini (1926) qui ne lui fut jamais payée, elle ne cessa jamais de répondre à la commande publique française, notamment pendant la Première Guerre mondiale (L’œuvre des Barbares, 1916-1919).

Plus que de remettre en lumière une artiste oubliée, cette conférence souhaite plutôt saisir la trajectoire d’une sculptrice qui ambitionna, dès la fin du XIXe siècle, de faire carrière et mit tout en œuvre pour y parvenir. La part inédite de l’étude reviendra ainsi aux œuvres et aux sources d’archives. Rien que pour son état civil, les recherches et le dépouillement d’actes ont permis d’assurer qu’elle naquit à Paris, dans le 6e arrondissement, le 26 janvier 1863[1]. Contre la volonté paternelle, elle épousa ensuite Odoardo Croce (1854-?) à Rome le 9 avril 1892[2]. Enfin, elle est décédée à Rome le 16 décembre 1946[3].

 

Pour plus d’informations : https://shaf.hypotheses.org/2926

 

[1] Paris, Archives départementales de Paris, Registre d’état civil, 6e arr., acte de naissance n° 228 du 27 janvier 1863.

[2] Roma, Archivio di Stato, Matrimoni, Stato civile italiano, Segnatura attuale: n. 396-788, vol. 2, parte 2, atti di matrimoni n° 631, 9 aprile 1892.

[3] Roma, Ufficio anagrafe, Stato Civile e Certificazioni, Certificato di Morte, 16 dicembre 1946.

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